Crémation et destination des cendres
La crémation, ou incinération, est le fait de brûler dans un four crématoire à très haute température (850° C ou plus) le corps d’un défunt afin de le réduire en cendres, qui sont en réalité les résidus osseux. Le procédé dure environ 1h30 et se passe exclusivement dans un crématorium, lieu dédié à cet effet.
Selon les religions, la crémation est plus ou moins bien acceptée. Par exemple, le judaïsme et l’islam la réfutent, tandis que les hindouistes, catholiques et orthodoxes y sont plutôt favorables.
C’est une pratique très courante dans les pays du nord de l’Europe et beaucoup moins dans le sud. A noter également que le taux de crémations est plus élevé dans les villes que dans les campagnes.
Aujourd’hui, environ 30% des français font le choix d’être incinérés. D’ici 15 ans, on estime à plus de la moitié le nombre de crémations. D’où une question de plus en plus présente, autant chez les professionnels que chez chacun d’entre nous : et les cendres, après, on en fait quoi ?
Depuis décembre 2008, une nouvelle loi a quelque peu modifié la destination des cendres. Car le corps d’un défunt, qu’il soit inhumé ou incinéré, doit être traité avec le même respect et doit être protégé juridiquement de la même manière. Par exemple, on ne peut plus garder l’urne avec les cendres chez soi, trônant sur la cheminée, ni partager les cendres entre plusieurs membres de la famille. Les cendres ne peuvent plus non plus se transformer en bijoux, tableaux ou autres objets insolites.
Mais alors où les met-on ? Le temps de décider du lieu de dispersion, l’urne peut être conservée pour la durée d’un an maximum dans un lieu de culte ou au crématorium où s’est déroulée l’incinération.
LES CENDRES SEULES
Il est autorisé de disperser les cendres en pleine nature, à condition que ce soit un lieu d’assez grande étendue, naturel et donc sans aménagement particulier. De plus, il faut aussi s’assurer au préalable que les cendres ne pourront pas rejoindre un lieu public tel un parc, ni la voie publique.
Après autorisation auprès de la mairie du lieu concerné, libre à vous de choisir un endroit que le défunt affectionnait tout particulièrement (en pleine mer, en forêt ou à la cime d’une montagne).
LES CENDRES ET L’URNE
L’urne avec les cendres, peut être inhumée dans un tombeau déjà existant ou bien scellée à celui-ci. Il existe également au sein des cimetières ou des crématoriums des jardins du souvenir, lieux réservés spécifiquement pour disperser les cendres en toute légalité. Parfois même se trouvent des arbres ou des rosiers, afin que les familles puissent garder un point de repère et venir se recueillir ultérieurement.
Autre possibilité : un cavurne, sorte de petit caveau réservé aux urnes. Il peut généralement contenir 4 urnes ; ou encore une case dans un columbarium permettant de recevoir la plupart du temps 2 ou 3 urnes. Très rarement accepté, l’urne peut être inhumée sur le terrain d’une propriété privée, après accord de la mairie. Dans tous les cas, un registre est tenu en mairie (article L. 2223.18.3), répertoriant la date, le lieu de la dispersion, ainsi que l’identité du défunt.
POUR PLUS D’ORIGINALITE
D’autres alternatives à la crémation existent pour le moment uniquement à l’étranger. Par exemple la promession, procédé scientifique par lequel le corps est refroidi dans de l’azote liquide à une température de -196°C. Ainsi il s’effrite et est ensuite réduit en poussières par des vibrations. Cette technique ne dégageant pas de dioxyde de carbone, elle pourrait être une bonne alternative à la crémation, mais est pour le moment interdite en France. La promession existe seulement en Allemagne, en Angleterre, et en Suède où elle a été inventée en 1999.
Egalement l’aquamation, procédé chimique présent en Australie, au Québec et dans certains états américains. Partant du principe que le corps humain est composé d’environ 65 % d’eau, il est alors immergé dans de l’eau portée à ébullition à 100°C avec un certain taux d’alcalinité, laissant ainsi uniquement des résidus osseux. C’est un processus permettant une économie d’énergie, même s’il est très lent (compter environ 10 heures pour un corps de 80 kilos). Il est actuellement interdit en France car nécessite que le corps soit nu, or le cercueil demeure obligatoire par la législation française.
D’autres lieux plus insolites sont possibles afin de disperser les cendres d’un être cher. Dans l’air, envoyées dans un ballon à travers la stratosphère, en parachute ou en montgolfière. Ou plus insolite encore, dans une capsule envoyée par fusée, à tout jamais en apesanteur dans l’espace…
A travers le monde, certains projets prévoient d’être réalisés ou se sont déjà concrétisés. En Allemagne, par exemple, on prévoit de construire près de Dassau une énorme pyramide, « un tombeau pour toute l’humanité », quels que soient son pays d’origine et sa religion. Elle s’agrandirait au fur et à mesure des achats de blocs de ciment liés aux cendres, plusieurs centaines de blocs ayant déjà été réservés. En Italie, on imagine le futur des cimetières en forêts sacrées, où les défunts seraient enterrés dans des capsules biodégradables en forme d’œufs, nourrissant une jeune pousse d’arbre. Ou comment la mort peut recréer de la vie. Enfin, pas très loin de Miami, il existe un cimetière sous-marin à 12 mètres de profondeur. Là-bas, les défunts côtoient les poissons. Le sculpteur mêle le béton aux cendres afin de créer une cité engloutie, avec des temples, colonnes, coquillages, … que l’on peut visiter en plongeant.
Quelque soit ce que l’on choisisse, que ce soit plus conventionnel ou plus original, l’important est d’en parler à ses proches afin que ceux qui restent vivent ce moment le plus sereinement possible en sachant qu’ils auront respecté les dernières volontés de leur être cher.