La Toussaint
La Toussaint arrive à grands pas dans moins d’un mois. Tradition ancestrale vieille de plusieurs siècles, c’est une des fêtes les plus connues et les plus célébrées à travers toute la France. Approchons-la de plus près pour en comprendre ses origines et ses significations, qui vont peut-être vous étonner.
La Toussaint, le 1er novembre
Le 1er novembre est un jour férié et comme son nom l’indique, la Toussaint est une fête religieuse permettant de célébrer tous les Saints, reconnus ou non par l’Eglise, c’est-à-dire canonisés ou pas. Un Saint étant une personne qui a remarquablement bien agi tout au long de sa vie et qui est donnée en exemple aux autres fidèles. Lors de la messe de la Toussaint, on lit le texte des Béatitudes, qui remémore à ses fidèles la bonne conduite à suivre pour accéder à la sainteté (fidélité, bonté, justice, pardon, etc…)
La Toussaint a été officiellement décidée par le Pape Boniface IV au 7ème siècle et était fêtée le 13 mai de chaque année. Officieusement, cette fête existait déjà depuis de nombreuses années, puisque de nombreux chrétiens rendaient hommage aux martyrs. En effet, les martyrs sont morts en défendant leur foi en une religion catholique monothéiste, face aux Romains qui eux croyaient en plusieurs Dieux.
Puis en 835, le Pape Grégoire IV change la date et l’instaure au 1er novembre (on ne sait pas trop pourquoi…). Lors de la Révolution Française, les jours fériés sont supprimés car trop en rapport avec le catholicisme et également pour des raisons économiques (car qui chôme ce jour ne contribue pas à l’économie du pays). Cependant, de nombreux citoyens, surtout dans les campagnes, continuent de célébrer la Toussaint et de chômer ce jour du 1er novembre. En 1802, Napoléon décide de garder un jour religieux par saison, dont la Toussaint pour l’automne.
La commémoration des défunts et ses chrysanthèmes
Tradition religieuse catholique remontant au 9ème siècle, la commémoration des défunts, ou jour des morts, est en réalité célébrée le 2 novembre. Mais le 1er novembre, fête de la Toussaint, étant un jour férié, les habitudes ont fait se chevaucher les deux dates (il est bien plus facile de se rendre sur la tombe des défunts un jour férié que le lendemain).
Religieusement, c’est au cours du jour des morts que l’on fait la demande à Dieu de délivrer les âmes du Purgatoire. C’est également croire en l’immortalité des âmes et en leur résurrection. En quelques mots, croire que les défunts soient encore plus vivants…que les vivants.
Pendant plusieurs siècles, on allumait des bougies sur les tombes des défunts. Puis à partir du 19ème siècle, on s’est mis à fleurir les tombes avec des chrysanthèmes. Pourquoi des chrysanthèmes me direz-vous ? Pourtant, dans d’autres pays, ces fleurs sont symbole de gaieté. Elles sont offertes lors d’invitations, voire même on les retrouve dans des bouquets de mariée ! Au Japon, les chrysanthèmes sont le symbole de l’Empereur.
Cette fleur est arrivée en France en 1789. Jusque-là utilisée pour fleurir les jardins en automne, sa destinée a basculé en 1919. En effet, afin de célébrer le premier anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, le gouvernement demande au peuple français de fleurir toutes les tombes. Or, en cet automne déjà bien avancé, il ne restait plus que les chrysanthèmes en quantité suffisante pour répondre à cette demande. Et c’est ainsi que l’on a gardé cette tradition de fleurir les tombes avec des chrysanthèmes.
Cependant, la Toussaint et la commémoration des défunts ressemblent beaucoup à une tradition celtique encore plus ancienne, la fête de Samain, qui nous fait remonter le temps jusqu’à l’Antiquité. Samain marquait le premier jour de l’hiver. Cette fête s’étalait sur trois jours entiers (30, 31 octobre et 1er novembre) pendant lesquels on allumait de grands feux un peu partout afin d’éloigner les mauvais esprits ; on balisait également les chemins par des lanternes afin de guider les âmes jusqu’aux maisons, dont les portes restaient ouvertes. On les invitait même à s’asseoir à table pour partager le repas. Les druides confectionnaient des feux sacrés dont chacun repartait avec un peu de braises afin de le garder dans sa cheminée jusqu’à la prochaine fête de Samain, et ainsi être protégés.
La Toussaint à travers le monde
Aux Etats-Unis, tout le monde connait Halloween, fête devenue commerciale et très médiatisée. A l’origine elle s’appelait All Hallow’s Day, hallow signifiant sanctifier. Héritée directement de la tradition celte vue plus haut, elle s’est retrouvée célébrée aux Etats-Unis grâce aux migrants anglais et irlandais venus faire fortune en terre promise.
Au Mexique, le 2 novembre est plus important que le 1er. « El dia de muertos » est une journée très festive et joyeuse, les familles allant jusqu’à se réunir dans les cimetières avec des offrandes (nourriture, fleurs, sculptures, …).
Dans beaucoup de pays, la Toussaint porte le même intitulé qu’en France : Ognissanti en italien, Todos los santos en espagnol, Allerheiligen en allemand, …
Quelques dictons liés à la Toussaint
De nombreux dictons existent autour de la Toussaint, période charnière au beau milieu de l’automne. Evidemment, ce ne sont que des dictons, donc non fondés sur des faits scientifiques prouvés, mais relevant simplement d’observations ancestrales plus ou moins récurrentes. Toutefois, ces dictons ont permis pendant très longtemps de mieux appréhender la météo et la culture des sols.
« A la Toussaint, le froid revient et met l’hiver en train. »
« Givre à la Toussaint, Noël malsain. »
« Vent de Toussaint, terreur du marin. »
« Autant d’heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines à souffler dans ses mains. »
« La Toussaint venue, laisse ta charrue. »
« A la Toussaint, sème ton grain. »
« Le jour des morts ne remue pas la terre, si tu ne veux sortir les ossements de tes pères. »