Le don de soi
Faire don de soi de son vivant ou après sa mort relève d’un acte de solidarité citoyenne envers autrui. Le don est par définition gratuit et désintéressé. On n’attend rien en retour, ni argent, ni reconnaissance. C’est un acte protégé par des lois dans notre pays.
Chacun est libre de choisir ce qu’il veut faire. L’important étant de prendre le temps de réfléchir afin de savoir de quoi il s’agit exactement. Prendre la bonne décision de son vivant c’est également faciliter le cas échéant la décision de nos proches après notre mort. Quelques petites explications s’imposent.
LE DON D’ORGANES
En France, le don d’organes ne se monnaie pas afin d’éviter toute sorte de trafic. L’idée de marchander le corps humain est totalement immorale dans notre société, contrairement à d’autres pays comme en Iran où le don reste rémunéré.
Tous les organes sont susceptibles d’être donnés en vue de greffes : les reins, la moelle osseuse, la peau, les os, les poumons, le foie, le cœur, le pancréas, la cornée, les tendons, les artères, …
Selon ce que l’on choisit de donner, certains prélèvements peuvent s’effectuer sur une personne de son vivant, ou en état de mort cérébrale. C’est un état irréversible où le cerveau cesse de fonctionner mais où l’on maintient la circulation sanguine ainsi que la respiration à l’aide de machines afin de conserver les organes viables.
La greffe existe depuis 1956, la première ayant été une greffe de moelle osseuse.
Voici le principe de manière très simple : une équipe chirurgicale prélève les organes nécessaires. Attention, tous les hôpitaux n’ont pas l’habilitation requise pour faire ce type d’intervention. Les organes, ou greffons, sont ensuite conservés dans du froid afin d’être transportés dans les plus brefs délais jusqu’au receveur. Par exemple, il est nécessaire de respecter un maximum de 6 heures pour une greffe du cœur, et de moins de 48 heures pour les reins. Puis les organes sont greffés sur le receveur dans un hôpital de secteur public (seuls les tissus peuvent être pris en charge par le secteur privé).
Suite à l’opération, deux types de complications peuvent exister. Le rejet, c’est-à-dire que le corps refuse la greffe car le greffon est considéré comme un corps étranger à l’intérieur de l’organisme. Mais celui-ci peut être diminué par un traitement antirejet, qui est à prendre pour le reste de sa vie suite à l’opération. Egalement l’infection : le traitement antirejet diminue les défenses immunitaires de l’organisme afin d’accepter au mieux le greffon, mais peut par la même occasion provoquer une infection car le corps devient plus sensible aux bactéries.
Devenir donneur, c’est offrir une seconde vie à une personne qui est en souffrance.
De nombreuses religions sont plutôt favorables au don d’organes, sous certaines conditions parfois, puisque le corps est ensuite rendu présentable aux familles.
La carte de donneur permet de faire savoir plus facilement son opinion sur le sujet. Tout le monde est susceptible d’être donneur, quel que soit son âge ou sa maladie. Ce sont les médecins qui déterminent au cas par cas si les organes à prélever sont suffisamment sains pour être transplantés chez une autre personne. L’important étant de le faire savoir à son entourage. Car si on applique le principe de consentement présumé, il y a quand même obligation de demander aux proches, le cas échéant. Y réfléchir de son vivant, c’est ainsi éviter à sa famille de prendre une si lourde décision en cas de décès. Si l’on ne veut pas donner ses organes, il suffit de s’inscrire sur le registre national des refus, un simple formulaire doit être rempli.
LE DON DE SON CORPS A LA SCIENCE
Il est différent du don d’organes dans la mesure où léguer son corps à la science signifie le donner entièrement. Il permet de faire progresser la médecine en matière de recherche, de connaissances et de savoir-faire.
Toute personne majeure peut décider de faire don de son corps à la science. C’est une fois de plus une réflexion et une démarche tout à fait personnelle, qui n’appartient qu’à soi. On a également le droit de changer d’avis au cours de sa vie.
Si l’on veut faire don de son corps à la science, il suffit de le faire savoir auprès d’une faculté de médecine ou d’un centre hospitalier universitaire par l’envoi d’un courrier libre. En retour, le CHU enverra une carte de donneur, qui doit toujours être conservée sur soi. Certains cas ne permettent pas de léguer son corps à la science. D’abord si l’on ne retrouve pas la carte originale. Également si le délai maximum de 48 heures n’est pas respecté pour le transport du corps. Si une mise en bière est obligatoire (maladie contagieuse ou décès dans un autre pays). Enfin s’il y a obstacle médico-légal dans le cadre d’une mort dite non naturelle (suicide, meurtre, accident de la route, …), nécessitant une autopsie.
Lorsque l’on fait don de son corps à la science, le corps n’est jamais rendu à la famille. Seules les cendres le sont parfois, même si bien souvent la crémation demeure anonyme et les cendres dispersées dans un jardin commun du souvenir.